Des dizaines de millions d’euros sont investis chaque année en Wallonie pour moderniser le réseau de distribution, mais aussi pour envisager des solutions d’avenir face au réchauffement climatique. La SWDE vient d’ailleurs de se voir accorder un nouveau prêt par la Banque européenne d’investissement.
Ce n’est pas le premier, mais le quatrième prêt: il y a eu une première tranche en 2006 de 125 millions, puis 250, puis de 200 millions. Voici donc la quatrième accordée par la BEI, Banque européenne d’investissement.
Au total, un prêt de 725 millions d’euros pour la Société wallonne des Eaux sur une quinzaine d’années, c’est énorme. Pour quoi faire? Pour rénover tout le réseau de distribution, les conduites là où c’est encore nécessaire, mais surtout pour mieux répartir et mieux desservir l’ensemble du territoire wallon.
Car il y a des zones qui sont moins bien loties que d’autres. De manière générale, la Wallonie n’a pas de problème en termes de ressources en eau. Elle peut même s’appuyer sur d’abondantes réserves dans son sous-sol ou stocker dans des barrages. Au niveau des quantités de précipitations sur une année, il n’y a pas non plus de quoi s’inquiéter. Le problème, c’est que ces ressources ne sont pas bien réparties de manière uniforme sur l’ensemble du territoire. Il y a des zones qui peuvent emmagasiner énormément d’eau, comme le Centre du Hainaut, la région de Charleroi ou les barrages de la Gileppe et d’Eupen dans la province de Liège.
Mais encore faut-il que ces zones puissent, en cas de sécheresse, redistribuer. C’est là qu’il y a encore du travail à faire parce que le réseau ne le permet pas encore. Tout n’est pas encore connecté. Ce qui peut provoquer en cas de longues périodes de sécheresse, des restrictions au niveau local, comme on a pu voir ces dernières années de manière ponctuelle, notamment dans le centre de la province de Luxembourg ou le sud de la province de Namur, qui sont en fait les zones les moins bien alimentées en eau.
"Entre ces zones bien fournies et ces zones qui connaissent des difficultés, il y a parfois 30, 40 ou 50 kilomètres de distance, explique Benoit Moulin, le porte-parole de la SWDE. D’où l’importance de ces investissements, c’est plus ou moins 400 kilomètres de grosses adductions, c’est-à-dire des grosses conduites qui permettent le transport de grosses quantités d’eau. Et puis en fonction aussi du relief, etc., il faut rajouter des stations de pompage, il faut des réservoirs intermédiaires, il faut de nouveaux châteaux d’eau. Donc tout ça, ça représente quand même un plan d’investissement ambitieux, de pas loin de 400 millions d’euros".
Ces phénomènes de sécheresse semblent quand même aussi de plus en plus récurrents chez nous au fil des ans, et c’est l’autre aspect de ce financement européen, c’est d’essayer d’anticiper les conséquences du changement climatique sur les réserves en eau.
Et là, la SWDE n’est pas la seule à y réfléchir, évidemment. Des restrictions ponctuelles dans quelques villages, quand il fait chaud pour ne plus arroser son jardin, laver sa voiture ou remplir sa piscine, ça passe encore. L’objectif ici, c’est de pouvoir encore fournir de l’eau du robinet, comme on dit à tout le monde. Dans dix, quinze ou vingt ans. Sans parler des conséquences réelles sur toute l’agriculture qui, elle, a besoin d’eau de surface: "Historiquement, il a toujours suffisamment plu pour répondre aux besoins de l’agriculture. On n’a pas de système d’irrigation structurel de l’agriculture en Région wallonne. Peut-être que cela va éventuellement changer. La première chose que nous devrions pouvoir faire, et ça, c’est des choses que nous sommes en train de mettre en place, c’est de pouvoir développer des modèles qui nous permettent d’identifier les quantités disponibles en fonction de différents scénarios météorologiques".
Une grande partie de ce financement européen sert donc à améliorer les infrastructures, notre mode de vie. On ne peut pas nier qu’une autre partie sert à se demander ce que l’on fera quand il sera trop tard pour le changer.