"Les augmentations résultent de plusieurs points", détaille Damien De Keyser. "Tout d’abord, nous considérons diverses erreurs de conception qui ont sans doute été commises par notre bureau d’études, notre cocontractant (ndlr : la SM Exlime). L’audit de la Cour des comptes le dit. Nous avons assigné cette société en justice (ndlr : auprès du tribunal de première instance). Une expertise est en cours et nous verrons les responsabilités qui seront établies. La justice dira aussi, s’il y a erreurs, si celles-ci peuvent donner lieu à des indemnisations au profit d’Hydria
Précisément, l’expertise doit "identifier les causes des modifications ordonnées en cours d’exécution et d’évaluer si celles-ci étaient utiles ou nécessaires à la construction et au fonctionnement des ouvrages et à l’atteinte des objectifs performanciels du marché".
Par ailleurs, des circonstances imprévisibles sont venues alourdir la note. Première circonstance : des exigences en matière de sécurité et d’accessibilité du site de la part du SIAMU, venues après la délivrance du permis. "Sur le site, il existe une zone dite ATEX, donc explosive. Les exigences à rencontrer en la matière sont particulièrement strictes. Nous avons fait en sorte de les respecter entièrement."
Nous avons aussi découvert de l’amiante
"Nous avons aussi découvert de l’amiante dans des canalisations enterrées, dont personne n’avait connaissance", ajoute Damien De Keyser, "ce qui nous a obligés à mener des chantiers de désamiantage coûteux. Il y a eu le Covid. Nous avons eu aussi des demandes d’Infrabel, gestionnaire du réseau de chemins de fer, qui sont venues par la suite."
Damien De Keyser parle d’une augmentation de la facture du chantier sur base d’éléments objectifs. "Il ne faut pas non plus oublier qu’il y a eu pas mal d’améliorations environnementales dans cette station", comme la riothermie, soit une technologie permettant la récupération de la chaleur résiduelle ou la fraîcheur des eaux usées pour chauffer ou climatiser le bâtiment de la station (entièrement passif) mais aussi produire de l’eau chaude.
"Ce sont des choses qui n’étaient pas prévues en 2010 lors de la conception du projet et qui ont été rajoutées. Ce ne sont pas des surcoûts mais des améliorations. Il est normal qu’au regard des technologies qui évoluent au niveau environnemental, nous souhaitions atteindre de meilleures performances. C’est logique et justifiable. Quant au traitement des eaux usées, cette station de Bruxelles-Sud rencontre désormais les exigences fixées par l’Union européenne en matière de traitement des eaux usées. Mieux : elle les dépasse."
Les ménages bruxellois ne paieront pas la note
Reste une question : cette hausse de la facture de 37 millions d’euros sera-t-elle, tôt ou tard, imputée sur la facture du consommateur bruxellois ? "Nous avons assumé l’ensemble du coût du chantier sur fonds propres", assure Damien De Keyser. "Nous n’avons pas demandé d’augmentation du prix de l’eau (et de la part liée à l’épuration). Nous n’avons pas non plus demandé une augmentation du subside que nous octroie la Région de Bruxelles-Capitale."
Dans ses recommandations, la Cour des comptes invite en tout cas Hydria à mettre en œuvre des mesures de contrôles internes "permettant de garantir une conception optimale des documents de marché" ainsi qu’à prévoir "la possibilité d’infliger aussi des sanctions aux consultants".