21 rue La Boétie était l’adresse de la galerie parisienne de Paul Rosenberg, un des plus célèbres marchands d’art du XXe siècle. Il fut le conseiller de pas mal d’artistes : Picasso, Braque, Matisse, Léger, ... Le destin de Paul Rosenberg croise l’histoire de la première moitié du siècle. Le nazisme confisque les collections d’art dégénéré. La déportation est épargnée à la famille Rosenberg, mais elle connaît l’exil en Amérique où Paul Rosenberg poursuit ses activités dans sa galerie new-yorkaise. A la Libération s’engage une lutte pour la restitution des œuvres.
L’exposition à la Boverie raconte l’histoire de Paul Rosenberg confrontée à la grande Histoire et intègre les œuvres dans une scénographie conçue par Tempora qui tantôt évoque la galerie du marchand, tantôt rappelle le contexte politique et social. Des œuvres remarquables, d’une qualité exceptionnelle, ont été prêtées par de prestigieuses institutions telles le Centre Pompidou, le Musée Picasso (Paris) et le Museum of Modern Art (New York). L’homme à la pipe de Paul Cézanne, une étude pour les joueurs de cartes, et Prunes, poires, noix et couteau, une nature morte de Georges Braque, sont deux des nombreux chocs de l’exposition. Le spectateur se délecte aussi des tableaux de Matisse dont Paul Rosenberg déterminait la cote en fixant le prix des œuvres au cm2. Il est dommageable que l’encombrement de l’espace par l’ajout de faux murs et de cimaises distraie le regard qui désire se concentrer sur les seuls tableaux. Une fois de plus, la Boverie masque la beauté de sa rénovation par une scénographie qui dicte sa loi.