Belgique

21% de décès en moins sur nos routes : les radars tronçons montrent leur efficacité

© Belga Images

Par Kamel Azzouz

Le nombre de tués sur nos routes a diminué de 21% durant le premier semestre de cette année par rapport à la même période en 2022. C’est la très bonne nouvelle qui ressort du dernier baromètre de la sécurité routière de l’Institut Vias.

Excepté les années Covid, cette baisse est la plus forte jamais enregistrée. Des trois régions, c’est en Wallonie que cette baisse est la plus importante. Des chiffres positifs qui s’expliquent entre autres par le fait que les radars, et plus particulièrement les radars tronçons, sont de plus en plus nombreux à scruter la vitesse des automobilistes.

Quasiment tous les indicateurs sont à la baisse

Tous les indicateurs affichent une tendance positive. Sur l’ensemble du réseau routier du pays :

  • le nombre de tués a chuté de 21%
  • le nombre de blessés a diminué de 4%.
  • le nombre d’accidents corporels a baissé de 3%

Différentes mesures ont permis au fil des années d’inverser les courbes, et particulièrement celle du nombre de décès. Mis à part lors des années Covid, il n’y a jamais eu une telle diminution au cours d’un premier semestre.

Une tendance qui réjouit le porte-parole de l’Institut Vias, Benoît Godart : "Il y a eu 227 personnes qui ont perdu la vie au cours du premier semestre de cette année. Cela représente 60 vies que l’on a sauvées par rapport à l’an dernier. C’est un constat clairement positif. De plus, le nombre d’accidents est en diminution également. On parle d’une diminution d’environ 3% du nombre d’accidents avec des tués ou des blessés."

Les radars tronçons et pas de marge de tolérance

Là où les radars tronçons sont implantés, le nombre d’accidents graves baisse dans des proportions qui avoisinent les 60%

Le dernier baromètre de la sécurité routière révèle donc que le nombre de tués sur nos routes baisse plus vite que les accidents. On sait que la vitesse est la première cause d’accidents en Belgique. L’Institut Vias estime qu’un accident grave sur trois est dû à une vitesse excessive ou inappropriée.

Cette nette diminution s’explique aussi en partie par le nombre de plus en plus important de radars fixes et des radars tronçons. Pour Benoît Godart, cela a eu un véritable impact sur le comportement des automobilistes belges : "Aujourd’hui, Il n’est quasiment plus possible de faire un trajet, aussi court soit-il, sans passer devant un radar fixe en agglomération, ou de ne pas tomber dans un radar tronçon sur autoroute. On sait que là où les radars tronçons sont implantés, le nombre d’accidents graves baisse dans des proportions qui avoisinent les 60%. C’est donc certainement le fait de ne plus pouvoir faire de trajet, notamment sur autoroute en Wallonie, sans passer dans un radar tronçon qui a joué un rôle dans ces chiffres positifs", détaille l’expert.

Le porte-parole de l’Institut Vias ajoute : "la marge de tolérance a aussi été annulée. Depuis cette mesure, les conducteurs respectent davantage les limitations de vitesse. Cette année, ils ont donc adapté leur comportement, et cela se traduit par des chiffres de sécurité routière qui sont nettement plus positifs. Moins vous roulez vite, moins l’accident est grave."

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Près de 190 radars tronçons sont actifs en Belgique, et cela va augmenter

Les radars tronçons sont de plus en plus présents tout au long des routes et des autoroutes du royaume. Actuellement, près de 190 de ces radars sont actifs en Belgique. En répondant à une question parlementaire en février dernier, la ministre de l’Intérieur, Annelies Verlinden (CD&V) annonce que leur nombre augmentera de manière conséquente d’ici la fin de l’année : "Cette année encore, 235 radars tronçons supplémentaires, dont 172 en Flandre, seront activés. Au total, 421 radars tronçons mesureront la vitesse en permanence."

Autant dire que face à cette nette diminution du nombre de tués, les autorités politiques ne comptent pas changer de direction. Ce sera le cas en Wallonie où la baisse est la plus importe avec -25% de décès. La Région a sur son territoire près de 510 radars permanents : 460 boîtiers fixes, 29 radars tronçons et 20 radars de feux rouges. Et mesure supplémentaire, le parc de radars tronçons - financé par la Région wallonne - sera doublé d’ici la fin de l’année 2023.

Deux statistiques très inquiétantes

Le nombre d’accidents mortels a doublé les nuits de semaine en un an

Notons qu’au niveau national, le nombre de tués est en baisse pour pratiquement toutes les catégories. Globalement, 30% des usagers décédés sur les routes sont des usagers vulnérables. Cependant, le baromètre de la sécurité routière nous livre deux tendances préoccupantes. Ce qui est inquiétant, c’est que le nombre d’accidents mortels a doublé les nuits de semaine en un an. Plus d’un tiers de ces tués sont enregistrés la nuit de jeudi à vendredi", détaille Benoît Godart. "Cela signifie que davantage de personnes sortent cette nuit-là. Il va falloir s’adapter en termes de contrôle, et en faire davantage les nuits de semaine."

De plus, les habitudes de consommation des Belges ont aussi une influence sur le type de trafic routier, avec notamment des véhicules plus dangereux : "La deuxième tendance préoccupante, c’est le nombre de tués dans les accidents avec une camionnette. On sait que de plus en plus de personnes se font livrer à domicile. Cela a un impact sur la sécurité routière car on compte 35 tués au cours des six premiers mois de cette année contre 18 lors de la même période en 2022. Et ce nombre ne baisse plus depuis 2021. C’est une tendance qu’il faudra surveiller", révèle le porte-parole de Vias.

D’autres mesures pour améliorer la sécurité routière sont à l’étude ou au point mort. Il y a d’une part le permis à point, et d’autre part les caméras qui détectent les incivilités liées à aux smartphones : "Il y a vraiment un chaînon manquant dans la sécurité routière en Belgique. C’est le permis à points. On est l’un des seuls pays en Europe à ne pas l’avoir. En Belgique, celui qui a les moyens peut tous les jours commettre certaines infractions. Il y a des conducteurs qui savent très bien qu’en payant chaque fois leur perception immédiate, ils passent entre les mailles du filet de la justice. Cela n’existe nulle part ailleurs en Europe. C’est ce sentiment d’impunité qu’il faut changer grâce à ce permis à points."

Concernant les caméras, Benoît Godart ajoute : "On sait que la distraction au volant prend de l’ampleur ces dernières années. Le fait de pouvoir utiliser des caméras pour détecter l’utilisation du GSM au volant, ce serait certainement un élément très positif pour améliorer la sécurité routière. Malheureusement, pour l’instant, ce n’est pas encore possible car la loi ne le permet pas."

En route vers de nouvelles mesures

Georges Gilkinet, ministre fédéral de la Mobilité (Ecolo), a déclaré que si les résultats sont encourageants, d’autres mesures sont à venir dont une réforme du Code de la route afin : "de trouver un meilleur équilibre entre tous les usagers de la route et un dispositif efficace de lutte contre les récidivistes de comportements dangereux aux volants."

Si les indicateurs sont globalement et positivement à la baisse au niveau national, l’Institut Vias rappelle cependant que neuf personnes meurent en moyenne chaque semaine sur nos routes.

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