Environnement

2023 probablement encore plus chaude que 2022, déjà une année record en température

Record de chaleur

© Getty Images

Ce 4 janvier 2023, les températures ont été un peu plus proches des températures de saison. Pourtant, ce début d'année a déjà battu tous les records. Il faisait 15 à 16 °C la nuit de la Saint Sylvestre au lieu des 6 °C habituels. Le précédent record de température date d’il y a un an à peine, en 2022 - l'année la plus chaude jamais enregistrée en Belgique.

Et ce ne serait pas fini. Xavier Fettweis estime que 2023 pourrait encore être plus chaude. Le climatologue de l’ULiège, explique : "2022 était une année dite "La Niña", un courant froid au niveau du Pacifique qui a un peu contenu la hausse des températures. L’an prochain point d’anomalie froide dans le Pacifique, ce sera une année dite "neutre", et donc les températures mondiales pourraient bien encore grimper par rapport à cette année."

Les 30 dernières années, on a enregistré en Belgique en tout et pour tout, deux vagues de froid. La tendance est à la hausse des températures en été et à moins de froid en hiver.

Pascal Mormal, prévisionniste à l’IRM ne se réjouit vraiment pas de tous ces records de températures : "Quand on voit la facilité, la régularité avec laquelle ces records de températures sont battus depuis quelques années, c’est extrêmement préoccupant. Ici, à Bruxelles on observe les températures depuis 1833, et sur ces 200 ans d’observation, les 10 années les plus chaudes l’ont été après 2005, le top 5 c’était après 2010."

Et de poursuivre : "Les phénomènes extrêmes aussi se multiplient. En Belgique, on devrait avoir un climat océanique tempéré, un climat relativement variable mais sans excès. Or, depuis quelques années, on a des périodes estivales soit très chaudes et très sèches. Ou, comme en 2021, des périodes extrêmement pluvieuses avec des précipitations records et les tragédies qui s’en sont suivies. Ces extrêmes sont très préoccupants, et l’on se pose la question de changements dans la circulation atmosphérique."

Le réchauffement global de la planète aurait des conséquences sur la circulation des masses d’air dans l’atmosphère

Comprendre l’impact de ce réchauffement global sur l’atmosphère, et la circulation des masses d’air c’est le nouveau défi pour les scientifiques. Xavier Fettweiss mène des recherches à l’ULiège : "Il y a des changements dans la position des anticyclones et des dépressions. Chez nous, en Europe de l’Ouest, on observe actuellement d’étés beaucoup plus chauds que ceux prédits par les modèles pour cette décennie. Et l’une des raisons, c’est que notre anticyclone des Açores remonte plus au Nord les étés, ce qui les rend plus chauds, sans vent. Ces changements de circulation ont été sous-estimés dans les calculs des modèles du climat. Un des défis pour les années qui viennent sera d’essayer de comprendre pourquoi ces modifications de circulation ont été sous-estimées et quoi elles sont dues."

On l’aura compris, l’heure n’est plus pour les chercheurs à savoir si ces anomalies climatiques sont dues aux activités humaines - cela ne fait plus aucun doute si l’on en croit le GIEC (le groupe intergouvernemental d’experts sur le climat). L’heure est à comprendre pourquoi ces anomalies ont été sous-estimées pour mieux se préparer aux changements devenus inévitables.

Un rapport final du Giec très attendu en mars après des rapports intermédiaires très alarmants

En 2023, le rapport final du GIEC sur la crise climatique est très attendu. Depuis 2021, trois rapports intermédiaires aux diagnostics alarmants ont été déjà été rendus publics. Que révélera-t-il ? Nous avons contacté Jean-Pascal Van Ypersele, le très médiatisé professeur de climatologie à l’UCLouvain. Sur le constat climatique, il se veut positif : "Il est encore largement temps de prendre des mesures bien plus que jusqu’à présent, d’une part pour s’adapter à la partie des changements qui sont déjà là, et pour en diminuer la gravité pour les personnes, pour les écosystèmes, pour l’économie en général."

Et d’ajouter : "Mais il est aussi grand temps d’agir davantage pour la décarbonation. On sait que l’on doit quitter les combustibles fossiles 'charbon, pétrole, gaz' et arrêter la déforestation des forêts tropicales, le plus vite possible. Si on fait tout cela, on pourrait maîtriser cette crise climatique."

C’est vrai qu’à la COP 27 de Sharm El Cheik en Egypte (la grand-messe mondiale sur le climat) on a mis sur les rails un mécanisme sous la forme d’un fonds pour aider les pays les plus pauvres à faire face aux dégâts provoqués par la crise climatique. Un fonds qui reste pour le moment une boîte vide. Même si la Wallonie et notre Etat fédéral y ont déjà un tout petit peu contribué financièrement, tous les pays riches devront absolument la renflouer en 2023, si l’on veut que cela marche.

Et chez nous, on attend enfin un vrai plan national "Energie- Climat"

Notre pays a lui aussi son devoir à remettre : un plan national Energie-Climat. Mais vu les différents niveaux de pouvoir dans notre pays, sa confection pourrait être des plus complexes.

Les ONG sont dans l’attente. Rebecca Thissen, coordinatrice politique pour la coalition climat met les points sur les "I": "En juin 2023, nos responsables politiques vont devoir remettre le plan national Energie-Climat. Tous les plans des régions et du fédéral vont devoir être compilés, puis reçus à la Commission européenne dans une première version. C’est là que l’on va pouvoir lire les grandes ambitions climatiques de notre pays. Les ONG ont beaucoup d’attentes, elles espèrent que la Belgique sera à la hauteur de ce que l’Europe attend d’un pays ambitieux, c’est-à-dire diminuer de 47% nos gaz à effet de serre d’ici 2030. Le problème c’est que la Flandre, la Wallonie, Bruxelles et Etat fédéral travaillent chacun de leur côté."

En 2019, le plan qui était une juxtaposition des différents plans comme dans une espèce de lasagne, avait été recalé par l’Europe. La Coalition Climat espère que cette fois, les partenaires synchronisent leurs ambitions climatiques respectives et que tout sera coordonné et intégré dans un seul et même plan belge pour répondre, dit-elle, de manière adéquate à l’urgence.

Mais on ne va pas se mentir, diminuer de 47% nos émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 va nécessiter des investissements colossaux. Certains experts estiment que jusqu’à 3% de notre PIB (notre richesse nationale) devraient, pour bien faire, être investis dans cette transition énergétique.

Prospective

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