Il y a pire : c’est l’antisémitisme assumé contre le président du Conseil comme on appelait alors le premier ministre Léon Blum.
Voir la France dirigée par un Juif paraît tout bonnement insupportable aux yeux de l’extrême droite française avec pour fer de lance l’Action française de Charles Maurras.
Un an avant la victoire du Front populaire il avait écrit ceci : Léon Blum, " ce juif allemand naturalisé est un homme à fusiller, dans le dos ". Léon Blum qui subira début 1936 une véritable tentative de lynchage en plein Paris. Et en mai, après la victoire du Front populaire, Maurras se déchaîne presque chaque jour contre celui appelé à devenir premier ministre : exemple " c’est en tant que juif qu’il faut voir, concevoir, entendre, combattre et abattre le Blum ". L’opposition sera donc féroce et finira par avoir raison du Front populaire.
85 ans plus tard, cela amène trois réflexions. D’abord, quand on sait quel fut le sort des Juifs quelques années après, lire ces véritables appels au meurtre est particulièrement choquant. Ensuite, on notera que les déchaînements de haine et de violence verbale n’ont pas attendu les réseaux sociaux pour s’exprimer. Enfin, on remarque que la mémoire collective préfère les bons souvenirs aux mauvais souvenirs. Au soir de sa vie, Gabin chantait " on oublie les soirs de tristesse mais jamais un matin de tendresse ". Voilà sans doute pourquoi les congés payés de l’été 36 ont effacé le reste.