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1920-2020, le centenaire des JO d'Anvers : John Kelly, champion olympique et père de la princesse Grace

John Kelly en 1920

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Par Christine Hanquet

C’est l’histoire d’une réussite exceptionnelle, d’une famille hors-norme. C’est l’histoire de John Brendan Kelly, surnommé Jack Kelly, double médaillé d’or, en aviron, aux Jeux Olympiques d’Anvers, il y a cent ans.

John Kelly était américain, fils d’immigrés irlandais, arrivés à Philadelphie dans les années 1860. Lui est né en 1889. Il a été élevé, avec ses neuf frères et sœurs, dans le culte du travail. Et dans l’idée qu’il fallait donner de sa personne, pour nourrir toute la famille. A 10 ans, il aide son père à l’usine, après l’école. A 13 ans, il est embauché comme apprenti maçon dans l’entreprise de construction de son frère.

Le jeune homme est grand et costaud. Quand il ne travaille pas, il joue au football américain ou au basket-ball. Mais surtout, il boxe. Pendant la Première Guerre mondiale, il rejoint l’armée américaine. Et il boxe toujours, se faisant remarquer lors des tournois organisés par les forces armées. Jusqu’au jour où il se blesse à la cheville.


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Son autre passion sportive devient dès lors prioritaire. C’est l’aviron. Il rame depuis longtemps, sur la Schuylkill, la rivière qui traverse Philadelphie. Il est doué, d’ailleurs. Et il devient rapidement le meilleur compétiteur de tout le pays. En 1919, il entame une série ininterrompue de 126 victoires, en skiff.

C’est donc tout naturellement qu’il a envie de participer, en 1920, à l’une des compétitions les plus prisées du monde, les Régates Royales de Henley, sur la Tamise, en Angleterre. L’épreuve, ultra-mondaine, née en 1839, existe toujours aujourd’hui.

Les régates de Henley au 21e siècle

L’histoire rapporte que John Kelly y a été refusé, en dernière minute, parce qu’il n’était qu’un maçon. Et que les ouvriers et autres travailleurs manuels, avantagés par leur force physique, étaient considérés comme des "sportifs professionnels".  Donc recalés. La vérité, c’est qu’il ne mettait plus les mains dans le ciment depuis quelques années déjà. Il avait fondé sa propre entreprise, la briqueterie Kelly. Mais il était affilié à un club d’aviron banni de Henley depuis une quinzaine d’années, pour avoir payé ses rameurs. Il avait espéré jusqu’au bout la fin de la punition, mais sans succès.

Toujours est-il que, ne voulant pas s’être déplacé jusqu’en Europe pour rien, il a décidé de participer aux Jeux Olympiques d’Anvers, deux mois plus tard. Et là, il a pu prendre une éclatante revanche. Non seulement il a gagné la médaille d’or olympique, mais en plus, il a devancé le Britannique Jack Beresford, vainqueur à Henley quelques semaines plus tôt. Une demi-heure après, malgré la fatigue, Kelly remportait une deuxième médaille d’or, en deux de couple, avec son cousin Paul Costello. Et quatre ans plus tard, aux Jeux Olympiques de Paris, il s’est encore imposé en double.

John Kelly a ensuite mis un terme à sa carrière sportive. Il est devenu millionnaire, grâce à sa briqueterie. Et il a brigué la mairie de Philadelphie, n’étant battu que de justesse.

Margaret Kelly, Rainier III de Monaco, Grace Kelly, John Kelly, en 1956

Il s’est marié avec Margaret, en 1924. Et le couple a eu quatre enfants. Dont Grace. Grace Kelly, beauté hollywoodienne, princesse de Monaco, mère du prince régnant actuel, Albert II (un Olympien, lui aussi, mais en bobsleigh).

Parmi les quatre enfants, il y avait également John Kelly Jr, qui s’est, comme son père, illustré en aviron. Il a gagné une médaille de bronze, aux Jeux Olympiques de Melbourne, en 1956. Mais surtout, il a remporté les Régates Royales de Henley, en 1947 et 1949. Encore une belle revanche…

John Brendan Kelly Senior est décédé en 1960.

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