Une nouvelle technique, un record, l’incrédulité
Duke Kahanamoku ne se contente pas de batifoler dans l’eau. Il nage bien, et il nage vite. Grâce à une technique bien à lui…
Lors des premières compétitions de natation, à la fin du dix-neuvième siècle, la nage admise était la brasse. Le crawl, dédaigneusement surnommé "la nage des indigènes" était connu depuis l’Antiquité, mais il était considéré comme primitif et peu élégant, ne fût-ce qu’à cause des éclaboussures qu’il provoquait.
En 1900, la nage libre est acceptée lors des épreuves officielles. La nage libre, c’est le crawl. Mais il n’est pas codifié, et il évolue en permanence. Le jeune Kahanamoku est initié par des nageurs australiens, en visite dans son archipel. Il les imite, avant d’améliorer leur technique. Tout son corps est en mouvement, et c’est nouveau. Ses battements de jambes partent des hanches, et non plus des genoux.
>> Retrouvez ici tous les articles déjà publiés sur les Jeux olympiques de 1920
Le garçon d’Hawaï sera très bientôt la première grande star de la natation mondiale. Et on sait exactement quand la légende est née. Le 11 août 1911, il participe à une compétition organisée chez lui, dans le port d’Honolulu. Et il bat le record du monde du 100 yards (91 mètres). Ou plutôt, il pulvérise le record du monde, le faisant passer de 60 secondes à 55,4 secondes. Il bat également les records du monde du 220 yards, et du 50 yards.
Mais ces performances sont considérées comme douteuses, sur le continent. On soupçonne le chronométreur de s’être trompé, on se dit que la distance a été mal mesurée, on pense que les courants ont aidé le vainqueur. Et les records ne sont pas homologués (ils seront reconnus des années plus tard).
"Si ce garçon des îles, un inconnu, un indigène en plus, veut prouver qu’il nage vite, qu’il vienne concourir chez nous, face aux meilleurs". C’est à peu près ce qui se dit. Et c’est ce qui arrive, quelques mois plus tard. A Philadelphie, Duke Kahanamoku gagne le 100 mètres nage libre, lors des qualifications olympiques. Il sera aux Jeux de Stockholm, en 1912.