En juillet 2021, aux Jeux de Tokyo, la parité sera respectée pour la première fois dans l’histoire de l’olympisme. Il y aura 50% d’athlètes masculins, et 50% d’athlètes féminines. Il y a cent ans, aux Jeux d’Anvers, on en était loin. Très loin, même. Les archives ne sont pas très précises, les chiffres diffèrent de quelques unités, mais si l’on considère comme fiables les statistiques émises par le Comité International Olympique, il y avait, en 1920, 2626 sportifs aux Jeux Olympiques d’Anvers, dont 65 femmes.
Et encore, on peut considérer que c’était déjà "beaucoup", tant le Baron Pierre de Coubertin, le rénovateur des Jeux, était opposé à la présence des sportives dans les stades et les salles. Il a eu une idée de génie, en créant les Jeux Olympiques modernes. Mais à côté de cela, il était réactionnaire, plutôt raciste, plutôt colonialiste, plutôt misogyne. Et à l’époque, cela ne choquait pas grand monde.
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Pour Pierre de Coubertin, "une olympiade femelle serait impratique, inintéressante, inesthétique et incorrecte". C’est ce qu’il déclarait en 1912. Il estimait que "le véritable héros olympique est l’adulte mâle individuel". Et il ajoutait que "le rôle des femmes devrait être avant tout de couronner les vainqueurs". Hôtesses à côté des podiums, c’est acceptable ; lauréates sur les podiums, cela ne va pas…
Julie Gaucher connaît bien le sujet. Elle a écrit "De la 'femme de sport' à la sportive", paru aux Editions du Volcan. "Pierre de Coubertin va faire quelques petites concessions, puisque des femmes vont participer aux Jeux Olympiques, en tennis, dès 1900. Elles vont aller dans les bassins de natation et participer aux compétitions de plongeon en 1912. Mais elles restent dans des disciplines qui sont à la marge. Et elles ne participent surtout pas aux épreuves d’athlétisme. Elles n’y auront droit qu’en 1928".