De la mort, il est bien évidemment question dans le film mais c'est surtout le combat contre l'indifférence, les laboratoires et la maladie qui passe au premier plan.
"Le film ne donne pas de conseils mais rappelle juste ce rassemblement de gens contre cette épidémie, qui ont construit une conscience et des luttes politiques", soulignait Campillo, collaborateur de longue date de Laurent Cantet (Palme d'or 2008 avec "Entre les murs").
De l'aventure Act Up, il a voulu restituer les opérations spectaculaires à coups de jets de poches de faux sang, les débats tendus pour décider des actions à mener, des positions à adopter et des avancées médicales... Il s'est d'ailleurs adjoint les services de Philippe Mangeot, ancien président d'Act Up de 1997 à 1999 pour écrire le scénario.
Mais le réalisateur des "Revenants" et d'"Eastern Boys" montre aussi le sexe, l'amour, les gay prides et les soirées exutoires au son de la house music, qui donne son titre au film.
"Une musique inquiète comme la maladie et l'époque", selon le réalisateur français. "Elle permet de se replonger dans les années 90 mais on ne cherche pas à faire film d'époque."
Pas un film d'époque
En plus de deux heures, "120 battements par minute" montre un activisme mené avant les réseaux sociaux mais ne verse ni dans la nostalgie ni dans le documentaire, probablement car il fait la part belle à l'histoire d'amour entre Sean, séropositif, et Nathan, qui ne l'est pas.
Révélations du film, Nahuel Pérez Biscayart (bientôt à l'affiche d'"Au revoir là-haut" de et avec Albert Dupontel) et Arnaud Valois crèvent l'écran, aux côtés d'Adèle Haenel.
En lice pour la Palme d'or, le film a bouleversé la Croisette mais a dû se contenter du Grand prix. Il a en tout cas un fan de la première heure en la personne de Pedro Almodovar, président du jury cette année à Cannes.
"J'ai adoré le film et je ne peux pas l'aimer plus. J'ai été très touché du début jusqu'à la fin", avait déclaré le réalisateur espagnol.
"Cela dépasse le fait d'appartenir à la communauté LGBT, comme moi, ou non. C'était une injustice", avait-il dit à Cannes, la voix étranglée par l'émotion. "Campillo raconte l'histoire de vrais héros qui ont sauvé de nombreuses vies."
"En interpellant les politiques avec des actions fortes et symboliques, Act Up a joué un rôle fondamental", avait rappelé Jean-Luc Romero, premier homme politique à avoir révélé sa séropositivité. "A l'époque, ils étaient dans l'urgence et pensaient mourir."
"J'espère que des films comme celui-là vont aider à démontrer que pour que les politiques agissent, il faut la pression des gens", avait conclu l'actuel président de l'association des élus contre le sida.
"120 battements par minute" sort en Belgique le 23 août 2017